“Livres fermés®de Max Sauze
“Fermer les livres c'est ouvrir la parole”

dans la famille des “livres-objets”, “livres d'artiste”, livres détournés”...



1984



J’ai rencontré “un livre” en 1975.
Je n’en connais plus le contenu mais je l’ai coupé en deux par une ligne courbe, nette, à la scie sauteuse. Je l’ai ficelé et recollé. Il est devenu “Livre Quelque Chose”.
Peut-être ce livre contenait-il la totalité de ce que contiennent les livres, peut-être pas…
En tout cas il en fut le symbole.
Peut-être aussi ce contenu n’était-il pas vrai ou sonnait-il faux dans ma tête.
J’ai oublié. Mais c’est à cause de celui-là que j’ai décidé de tous les
fermer.
J’en ai
fermé plus d’un millier…

découpé, tranché, arraché, enterré, brûlé, cloué,
boulonné, tordu, roulé, attaché, percé, assemblé, morcelé, collé,
noyé, essoré, écrabouillé, pulvérisé, bouletté, rouleauté, déchiré,
graté, broyé, rafistolé,
réparé, enjolivé…

Mon intention n’était pas de les détourner ou d’en faire des “livres objets” mais bien de les fermer pour les faire taire, un temps. Le temps de retrouver le vrai sens des mots et d’ouvrir la parole afin de lui redonner toute sa vérité.
À force de consigner par l’écriture et d’investir cette écriture du vrai et du juste, l’homme a transformé sa langue en outil de mensonges.
C’est un peu comme si l’écriture avait volé la vérité à la parole.

Pour moi, fermer les livres c’est ouvrir la parole.

Mes Livres fermés sont devenus palimpsestes.
J’ai superposé sur la chair de leurs mots mes propres signes.
En les faisant œuvres plastiques ils deviennent universels et ne parlent plus que de l’essentiel. Habillés de révolte, ils nous interrogent :
“Qui sommes-nous ? ”
Ils le font avec humour, avec rage, avec tendresse.

Je les ai accompagnés dans leurs interrogations, les transformant au fil du temps en poèmes décortiqués, en bibliothèques, en casiers à boulettes et en boites à rouleaux, en nouvelles écritures et en lettres ouvertes…

MS






1978 - 1979 - 1994



1990



1996




Aujourd’hui, enserrés de béton, ils deviennent bornes d’une phrase à écrire par un Homme qui marche, qui lit,
silhouette d’un géant posée sur le territoire français. [ Voir ]
250 bornes, ponctuant tous les 15 km une ligne virtuelle de 3500 km,
scellées sur des lieux signifiants, veilleront dans le silence.

Une des 52 bornes posées à ce jour